Paroles de crèches – un homme dans le monde très féminin de la petite enfance

Article paru dans la news du Guide des Etablissements d’accueil de la Petite Enfance – Parole d’experts – janvier 2023

Paroles de crèches

ParolesNon il n’y a pas que des femmes dans les structures petite enfance ! Certes la présence d’éducateurs de jeunes enfants est encore anecdotique mais en cherchant un peu, on en trouve quelques un. Exemple à Orchies, dans le Nord, où Florian Souille dirige un multi-accueil et une micro-crèche, après avoir exercé au plus près des bébés pendant 10 ans.

Travailler en crèche, est-ce une vocation ou le hasard de la vie ?
Plutôt le hasard de la vie. A 16 ans j’avais plutôt envie de devenir kiné ou ingénieur du son ! Mais il se trouve qu’avec ma guitare, j’ai fait énormément d’animations dans les centres de loisirs et les colos. Et puis j’ai eu à côtoyer les plus petits, à partir de 2 ans. J’ai réalisé que cet âge était fascinant. La toute petite enfance c’est à fois l’âge du développement, de l’apprentissage et de l’émerveillement. Je suis d’abord devenu moniteur-éducateur en protection de l’enfance et à partir de là, j’ai voulu gagner en compétences, acquérir une vraie expertise en petite enfance. J’ai préparé le concours d’éducateur de jeunes enfants et j’ai eu mon diplôme en 2013.

Combien de garçons étiez-vous à préparer le concours d’EJE ?
En protection de l’enfance, il n’y a pas vraiment de problème de mixité : il y a presque autant d’hommes que de femmes. Dès que vous entrez dans le monde de la toute petite enfance, les femmes sont en très forte majorité. Dans ma promo d’EJE, nous étions 3 garçons pour 100 filles même si, lors de mes stages, j’ai tout de même rencontré quelques hommes, notamment un coordinateur petite enfance. Nos collègues femmes sont très bienveillantes. Personne ne m’a jamais dissuadé de vouloir intégrer le monde de la petite enfance. Nous sommes les bienvenus, avec parfois une petite pointe d’ironie au début. En tant qu’homme nous sentons que nous devons faire nos preuves au moment de préparer le premier biberon ou changer la première couche. Alors que nous avons tous la même formation.

Quelles sont les réactions des familles lorsqu’elles vous voient au milieu des bébés ?
En 10 ans les familles ont beaucoup évolué : aujourd’hui dans les crèches, il y a beaucoup de papas qui s’impliquent dans la vie de leur bébé et dans le quotidien de la crèche. Certains sont même contents de voir un homme à qui ils peuvent se confier ou poser des questions qu’ils n’auraient peut-être pas osé poser à une femme. De mon côté j’essaye d’éviter d’instaurer une complicité masculine. Je reste focalisé sur l’accompagnement de chaque enfant au quotidien avec mes collègues, pour répondre le mieux possible à leurs besoins. Pour moi c’est le plus important, c’est le cœur de notre métier.

Comment encourager la mixité chez les professionnels des structures petite enfance ?
Comme pour les papas aujourd’hui dans les familles, il faudrait que dans les campagnes de promotion de nos métiers, les hommes soient plus visibles. Les jeunes ont besoin de visualiser que les garçons ont toute leur place dans le monde de la petite enfance, autant que les papas auprès des bébés. Ce sont des métiers passionnants, où les perspectives d’évolutions de carrières sont réelles. J’en suis le parfait exemple : après 3 ans comme EJE je suis devenu directeur adjoint puis directeur au bout de 6 ans. Je m’apprête aussi à prendre un congé parental de 5 mois pour accompagner les premiers mois de mon deuxième enfant et permettre à ma femme de retravailler. Je peux le dire aujourd’hui, j’ai vraiment trouvé ma voie dans ce métier qui permet de se construire un réel projet professionnel, à la fois pour soi et pour les enfants.

 

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Crédit ESF Editeur